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La nouvelle mode du chausson sneakers
Il y a encore une quarantaine d'années, on avait une vision très optimiste de ce qui allait se passer après les années 2000 ! Les films et les séries nous ont complétement retournés le cerveau avec des prédictions du futur un peu trop ambitieuse. Et à la base on s'imaginait sérieusement qu'en 2023 on aurait des voitures volantes ou des chaussures antigravité qui nous permettrait de marcher sur les murs…
Vous êtes pas sans savoir qu'on est officiellement dans le futur qu'on imaginait (et oui c'est déjà 2023) et en 2023 la sneakers du futur elle ressemble absolument pas à la Nike Mag !
L'AVENIR DE LA SNEAKERS : LE CHAUSSON ?!
Au niveau des sneakers malheureusement ce ne sera pas plus glorieux, et on risque plutôt de se retrouver avec des morceaux de plastique en guise de chaussures du futur ! Mais quels sont ces paires qu'on verra partout dans les années à venir ? Que ce soit chez les marques d'entrée de gamme ou les plus grosses marques de luxe la chaussure de demain s'apprête (vraiment) à devenir un "vulgaire bout de plastique" sorti d'un moule…
L'avenir se dessine assez différemment de ce que nos prédécesseurs s'imaginaient, on voyait tout le temps le mythe de la société ultra technologique autosuffisante qui vit dans l’abondance mais… au final ça risque plutôt d'être un monde un peu plus modeste et bourré de restrictions et de galères !
On verra bien ce que nous réserve le futur. Pour l'instant on va plutôt se concentrer sur ce que nous réserve le "sneaker game" et ce que vaut vraiment le chausson sneakers bizarre en plastique sur lesquels toutes les plus grosses marques sont en train de miser en ce moment.
Yeezy Foam Runner
Bottega Veneta Puddle Boots
Givenchy Monumental Mallow
Le grand public a l'air de déjà adhérer à ce nouveau type de chaussures, est-ce qu'on a vraiment à faire à une innovation qui va révolutionner la sneakers d'un point de vue design et écologie ou… alors est-ce qu'on serait pas encore une fois sur un flop ?
Même si au fond les chaussures en plastique ça n'a pas grand chose de nouveau, ça fait des années qu'on voit des paires comme les Crocs - ou même les bottes de pluie - mais pendant longtemps ces produits-là étaient très loin d'être à la mode ! Maintenant ils le sont et surtout le design était assez loin d'être aussi poussé que les paires qu'on voit aujourd'hui.
Absolument tous les plus gros designers s'y mettent avec des paires de chaussures tous plus bizarres les unes que les autres. Et cette fois on n'a pas affaire à une simple tendance passagère mais plutôt à un changement drastique de l'industrie de la sneakers !
C'EST QUOI CES FAMEUX "SNEAKERS CHAUSSONS" ?
Pour ceux qui savent pas trop de quoi on parle, le principe de ces paires là c'est d'être un seul gros bloc de plastique, soit moulé, soit - plus rarement - imprimé en 3D. Et même si sur le papier ça fait un peu moins rêver que les paires sneakers classiques qui proposent des jeux de matériaux ou des empiècement travaillés… Il y a quand même énormément d'avantages d'un point de vue design sur ce type de chausson !
Déjà au niveau de la "shape" de la paire, tu peux faire absolument tout ce que tu veux ! Que ce soit des silhouettes toutes droites sorties d'un dessin animé comme les Troopers Boots de Balenciaga.
Ou des espèces de crâne d'alien étranges comme chez Yeezy, c'est des choses qui sont déjà plus difficiles et/ou réalisables avec des paires classiques.
Vous l'avez compris, c'est beaucoup plus galère - ou voir quasiment irréalisable - de créer ce genre de silhouettes plus extravagantes avec des paires classiques. Mais si les sneakers en plastique moulés ont des avantages d'avoir qu'une seule matière (ce qui peut paraître assez fade), elles ont d'autres avantages qui leur permettent de se démarquer !
Là où on aura pas de jeu de matériaux, on pourra quand même avoir un jeu de forme et de texture plutôt intéressant (comme par exemple sur les Crocs de Salehe Bembury). Là encore, contrairement aux paires classiques où tu peux très vite être limité par le matériau, avec les sneakers en plastique les seules limites sont… plus ou moins uniquement l'imagination du designer.
Évidemment l'aspect design et innovation c'est ce qui a très vite attiré les marques et les designers mais faut pas oublier qu'ils sont quand même là pour faire de l'argent à la base (et oui) et… On va pas se mentir, vous vous en doutez un des plus grands avantages de ces produits là c'est que ça leur coûte absolument rien à fabriquer !
On a des coûts fixes pour créer les design, fabriquer les moules pour chaque pointure, etc. Même si c'est déjà des choses que tu dois aussi faire sur les paires de sneakers classiques - vu qu'ils ont aussi des semelles moulés - par contre, pour le chausson en plastique après on se retrouve très vite à fabriquer des paires avec (quasiment) 0 main d'œuvre.
T'as qu'un seul matériau - plutôt bon marché - à fournir et c'est parti pour des fabrications entièrement de matière synthétiques, dans des pays au salaire très faible avec des grosses économies que peuvent avoir les géants de la sneakers comme Nike ou Adidas. Tu te retrouves à fabriquer un produit qui coûte littéralement moins cher qu'un McFlurry chez McDo, et c'est pour ça que Kanye West disait fièrement dans un podcast de Jordan qu'il voulait à terme que les Yeezy Foam Runner coûte seulement 20€ !
L'ARGUMENT ULTIME : L'ÉCOLOGIE
Un des arguments qui devaient nous pousser acheter ces paires avant-gardistes c'était quand même l'argument écologique ! Au départ Kanye West nous présentait la Yeezy Foam Runner comme la solution ultime : une paire de sneakers fabriquée aux États-Unis à base d'algues et à seulement 80$.
Sur le papier, on avait donc un produit éco-responsable et accessible même au petit budget ! Bon aujourd'hui les Foam Runner sont fabriqués en Chine et cette histoire d'algues est loin d'être révolutionnaire… Puisqu'en réalité, il s'agit simplement de la charge du moule qui est mélangée au plastique. Alors oui, c'est effectivement en base d'algues mais le produit final posséde à peine 6% d'algues dedans et le reste c'est… littéralement du plastique.
Pour l'instant c'est une des plus grosses arnaques de ces paires, on les présente beaucoup comme des sneakers qui peuvent être une révolution écologique - et en soi c'est vrai - elles ont tout pour l'être. Le processus de fabrication est ultra simplifié : tu mets du plastique dans un moule, tu laisses une imprimante 3D faire le boulot. Ce qui rend la fabrication de ses produits là nettement moins énergivore que les paires classiques.
Par exemple une paire comme une Air Force One demanderait toute une chaîne de production avec une personne qui découpe le cuir, une autre qui ferait le moule et coulerait la paire, l'autre qui colle la semelle, etc… Forcément une paire ne plastique sur un seul moule (la paire et la semelle sont fusionnés) ça demande moins de monde et c'est tout de suite plus envisageable de les produire en Europe avec des ouvriers payés avec un salaire décent !
C'EST VRAIMENT ÇA LE FUTURE DE LA SNEAKERS ?
Non pas forcément, ce sera un mélange de tous ces courants alternatifs. L'innovation dans le domaine de la chaussure représente beaucoup, beaucoup de choses différentes. Pour certains, l'innovation est synonyme de performance ; il s'agit de créer des chaussures plus rapides ou plus légères. Pour d'autres, cela peut signifier concevoir de manière responsable des produits qui ne nuisent pas à notre planète. Pour d'autres encore, l'innovation en matière de chaussures peut signifier amener la culture des baskets dans le Metaverse.
Le Bata Shoe Museum de Toronto a ouvert les portes de sa dernière exposition et du livre Rizzoli qui l'accompagne, intitulé "Future Now", qui présente une exploration complète de l'innovation dans le domaine de la chaussure sous toutes ses formes.
L'exposition est dirigée par la directrice et conservatrice principale du "Bata Shoe Museum", Elizabeth Semmelhack. Mme Semmelhack me raconte qu'elle a étudié l'histoire de l'art japonais et s'est spécialisée dans l'histoire de l'art du XVIIIe siècle, un sujet qui a mis en évidence les similitudes entre les imprimés japonais produits en série et les chaussures, ce qui a attiré Mme Semmelhack vers les nuances de la culture des baskets. Son exploration de cette dernière a été le point de départ de "Out of the Box : The Rise of Sneaker Culture", la première exposition de Semmelhack en 2013, et le livre qui en a résulté en 2015, qui s'est penché sur la collection, la culture et la marchandisation des baskets. L'exposition itinérante et la publication ont suscité une nouvelle série de questions sur l'avenir non seulement de la culture des baskets, mais aussi du paysage de la chaussure en général, et Semmelhack a commencé à envisager l'impact croissant de la technologie sur les chaussures.
Comprenant des citations, des interviews et des contributions de plus de 50 grands noms du secteur, dont Salehe Bembury, Steven Smith, Mr. Bailey et d'autres, le livre lui-même est couvert de manière appropriée par le projet RTFKT "Metapigeon" de Jeff Staple, généreusement prêté par RTFKT.
Musée de la sneakers Bata, Toronto, Canada
L'innovation dans le domaine de la chaussure nous donne beaucoup à dire. Tout d'abord, comment avez-vous structuré votre exposition et le livre qui l'accompagne ?
« J'ai décidé de le diviser en quatre catégories distinctes, mais elles se recoupent toutes. La première catégorie est l'innovation, et je me penche donc sur des choses comme l'impression 3D et certains nouveaux matériaux.
La deuxième section est consacrée à la durabilité. Je pense aux défis mondiaux liés au climat et à la façon dont de nombreux créateurs et fabricants de chaussures tentent de résoudre ce problème par le biais de l'économie circulaire ou de nouveaux matériaux. Je me penche sur les cuirs de champignons et les plastiques océaniques comme Parley for the Oceans.
Pour la troisième section, je voulais voir qui s'engageait dans un large éventail de questions d'accessibilité et utilisait les chaussures de manière transformatrice. Bien sûr, Nike Go FlyEase est là, mais Kerby Jean-Raymond est aussi là avec Pyer Moss. Il fait des déclarations politiques très intéressantes à travers les modèles qu'il crée. Il y a aussi Allyson Felix qui, après avoir quitté Nike, a créé sa propre entreprise de baskets, très axée sur les femmes et les besoins spécifiques des femmes dans l'industrie des baskets.
La dernière partie, bien sûr, concerne les chaussures dans le métaverse. Penser aux NFT, penser aux jeux, penser à la collection de baskets dans l'espace du metaverse. Mais aussi, compte tenu des possibilités offertes par le monde virtuel, que peut être la chaussure quand elle n'a pas de travail à faire ? »
Le musée couvre un large éventail de sujets. Quelles ont été les parties les plus agréables de la réalisation de cette exposition et de ce livre ?
« Parler avec Steven Smith est toujours intéressant, c'est un vrai futuriste. Je pense que ma réponse à votre question est que beaucoup de créateurs de l'industrie essaient vraiment de résoudre des problèmes. Il ne s'agit pas simplement de créer le prochain objet désirable, mais en fait, de résoudre un problème qui crée également un désir. Je suis ami avec Steven depuis longtemps, et je pense que la façon dont son esprit fonctionne est vraiment très intéressante, et il est prêt à partager ces idées, mais quelqu'un comme M. Bailey est aussi très ouvert. Tout le monde dans le livre était tellement disposé à parler, je pense que l'une des choses qui était si amusante à propos du livre est que toutes mes interviews, de Steven Smith, à Salehe, à Daniel, j'ai dépassé mon nombre de mots avec chaque interview. »
L'exposition contient de nombreuses chaussures que les fans connaissent bien. Quels sont les produits les plus intéressants pour vous ?
« J'aime bien la Converse Renew Chuck 70 ! La durabilité est la clé de l'avenir de la chaussure, et l'une de mes baskets préférées dans l'exposition est la Converse Renew Chuck 70. L'historien en moi aime le fait que la Converse All-Star ait été lancée il y a plus de 100 ans et qu'elle soit toujours d'actualité. J'aime aussi le fait que la tige en tricot fasse un clin d'œil à la traditionnelle pièce de cheville et que la semelle translucide intègre des chutes de caoutchouc recyclé.
L'une des choses que je recherchais en faisant cette exposition était des chaussures qui repoussaient vraiment les limites du design. Le cofondateur et designer de SCRY, Zixiong Wei, exploite les possibilités de l'impression 3D dans la chaussure pour créer des chaussures à l'esthétique de science-fiction marquée, dont cette remarquable paire de bottes. »
« Je suis très intéressé par l'évolution du design des chaussures dans le métaverse. J'aime cette collaboration entre Jeff Staple et RTFKT car elle est à cheval entre le monde réel et le monde virtuel. Je pense également que les NFT offrent une option intéressante pour les créateurs, car 10 % de chaque revente sont reversés à l'initiateur, ce qui est une façon intéressante d'aborder le marché de la revente.
J'adore les Crocs Pollex de Salehe Bembury parce qu'ils représentent la première fois que Crocs a permis à un designer de réimaginer la silhouette traditionnelle des Crocs. J'aime aussi le fait que Salehe l'ait fait en tant que designer indépendant et que sa propre empreinte digitale ait inspiré le design. C'est ce qui s'appelle mettre son empreinte personnelle sur un projet. »
Salehe Bumbery, designer
Puisque nous sommes sur le sujet, avez-vous des prédictions sur l'avenir des baskets ?
« Ma prédiction pour l'avenir est que l'innovation nous ramènera à la fabrication de chaussures sur mesure et à la fabrication de produits adaptés à nos besoins et spécifications individuels. Dans 500 ans, les gens se diront : "Attendez, quoi ? Il y a eu une période où vous deviez entrer dans un magasin et entrer dans une taille ?". Cela va sembler très étrange, et nous sortons tout juste de cette période.
Je pense que nous pouvons voir cela très facilement se produire dans le métaverse. Mais je pense que la question la plus importante sera la suivante : puisque nous sommes si nombreux à construire notre propre identité par le biais de l'alliance des marques, comment les possibilités d'hyper-individualisation par les produits vont-elles continuer à nous permettre de construire notre identité par le biais de l'alliance des marques ? »
C'était tout pour ce sujet sur les chaussons sneakers (et l'avenir de la sneakers) ! Vous pouvez aussi voir notre précédent article pour savoir pourquoi les Air Force One sont-elles les meilleures chaussures ! Ou bien retournez au blog streetwear…
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